PAROLES DE L’ÉCOLE N° 1

17 Fév


Audrey Biancolin a accepté, sous forme d’interview, d’ouvrir le feu de cette chronique. 

 

François Faugère président de l’EDASOP.

 

Audrey Biancolin, vous êtes élève avocate promotion Bonnant et sportive de haut niveau. Quel est le sport que vous pratiquez ?

 

AB :  Je pratique le cyclisme sur route.

 

FF : Quelles sont selon vous les qualités que doit avoir un sportif de haut niveau ?

 

AB : Je dirais que les qualités essentielles sont la rigueur, la discipline, l’organisation, la patience, la détermination et surtout la passion. 

 

FF :  Plus précisément dans votre activité, cyclisme sur route quelles sont selon vous les qualités qu’il faut avoir ?

 

AB :  Le cyclisme est un sport très difficile. Il faut avoir un mental très fort pour pratiquer ce sport. Il faut savoir être dur et exigeant avec soi-même. La rigueur reste très importante autant à l’entraînement qu’à côté : alimentation, repos, vie quotidienne. Ensuite, je dirais qu’il faut savoir faire preuve de beaucoup de patience avant de voir une évolution dans ses performances. Bien que l’effort physique que demande le cyclisme soit assez solitaire, ce sport reste avant tout un sport d’équipe. L’esprit d’équipe est donc nécessaire pour pratiquer un tel sport car tous les coéquipiers sont importants dans une équipe, et ce quels que soient leur spécialité et leur niveau d’expérience. On avance et on gagne une course en travaillant ensemble. Enfin, je pense que l’humilité fait également partie des qualités à avoir pour pratiquer un sport tel que le cyclisme, bien qu’à mes yeux, ce soit une qualité essentielle au quotidien.

 

FF : Ces qualités me paraissent correspondre pour grande partie aux qualités nécessaires que doit avoir un avocat qu’en pensez-vous ?

 

AB :  Je suis entièrement d’accord. Avant toutes choses, je dirais que d’un point de vue pratique la profession d’avocat implique naturellement de la rigueur, de la discipline ainsi que de l’organisation à la fois pour répondre aux obligations qu’elle implique mais aussi pour ne pas se laisser déborder par la charge de travail. De toute évidence, ces qualités sont à avoir dès le début du cursus universitaire menant à cette profession. Ensuite, il est nécessaire de devoir être patient pour exercer une telle profession car travailler dans la précipitation n’amène rien de concluant : des évidences peuvent nous échapper et le travail effectué en amont peut être gâché. La patience permet toujours d’avoir un meilleur résultat. La détermination me paraît également être une clé de la réussite dans ce métier en ce sens que sans une telle qualité il me paraît difficile de pouvoir défendre jusqu’au bout la cause de son client. L’humilité me semble également nécessaire afin de rester accessible à tous et de pouvoir se remettre en question. Enfin, l’esprit d’équipe doit se retrouver au sein d’un cabinet car je ne vois pas l’intérêt d’exercer une même profession au sein d’une même structure s’il doit y régner un esprit individualiste car il est tout de même question de la même passion.  

 

FF : Si je comprends bien vous « avalez des kilomètres » pour être performante en quelques heures et la meilleure à l’approche de la ligne d’arrivée, comme un avocat doit « avaler » les pièces d’un dossier, les conclusions pour, lors de la plaidoirie dans une belle synthèse en retirer la substantifique moelle. Qu’en pensez-vous ?

 

AB :  Je dirais que la plaidoirie tout comme un sprint d’arrivée n’est que la partie visible de l’iceberg, et je voudrais rajouter « malheureusement ». Bien trop souvent, le travail en amont n’est pas reconnu ou pas assez mis en avant. L’on se soucie trop du résultat en ignorant toute la préparation en amont que cela a pu demander.  

 

FF plus précisément dites-nous votre programme de sportive, vos horaires, les kilomètres effectués etc…

 

AB :  Mes journées commencent à 5 heures du matin. Je suis actuellement en train de travailler les fondamentaux c’est-à-dire le foncier avant de réaliser du travail bien plus spécifique plus tard. Le matin est consacré au renforcement musculaire (abdos, gainage, pompes, squats, etc …). Les fins d’après-midi en semaine sont consacrées aux entraînements de vélo sur courtes distances (70km). Quant aux sorties longues, je les réalise le week-end (entre 120 et 150km). En moyenne, je fais entre 400 et 450 kilomètres par semaine. À cela s’ajoutent quelques sorties de course à pied. 

 

FF : Parlez-nous de ce cumul avec vos études, avant et maintenant 

 

AB :  Le cumul de ma carrière sportive avec mes études a toujours été parfaitement réalisable et ne m’a jamais posé de difficulté. J’ai toujours su m’organiser afin de pouvoir faire les deux. Je n’ai jamais voulu faire un choix : mes études préparant mon avenir et ma carrière sportive participant à mon épanouissement personnel.

 

FF Le cyclisme est un sport d’équipe cela ne correspond-il pas, au sein bien évidemment de la même équipe à la confraternité ?

 

AB :  Tout comme les avocats appartiennent à un même ordre, les coureurs cyclistes appartiennent à une même fédération. La même passion les anime au quotidien. C’est cette passion qui doit procurer du plaisir quand on exerce un métier que l’on aime. La confraternité entre avocats, obligation déontologique, me paraît être aussi un outil précieux dans cette profession. En toute circonstance un avocat doit traiter n’importe quel confrère avec politesse, courtoisie, comme un égal, et, en quelque sorte, comme il aimerait lui-même être traité. our moi, la confraternité est de nature à permettre un débat loyal tout comme un esprit d’équipe permet de courir entre coéquipiers et adversaires en harmonie. 

 

FF : Mais à l’arrivée si je comprends bien le cycliste jouent des coudes pour prendre sa place et la garder. N’est-ce pas là aussi comme de la profession d’avocat, être le meilleur jouer des coudes bien entendu dans le respect des règles.

 

AB :   Bien sûr. Au sein d’un peloton, chacun a sa place et son rôle à jouer. Bien évidemment la victoire revient au meilleur. Mais quand je parle du meilleur, je ne parle pas spécialement du plus fort physiquement. La victoire revient à celui qui a effectué une bonne préparation physique en amont, qui a su courir intelligemment tout en respectant le règlement de course, tout comme un avocat qui défend son dossier intelligemment et bien préparé en amont en gardant comme ligne de conduite le respect de la déontologie de sa profession. 

 

FF : Audrey, bravo et merci.